La Civilisation perdue de George Condo – Musée Maillol
Démarche de rupture
La force de Condo réside dans sa capacité à convoquer les courants picturaux majeurs – cubisme, expressionnisme abstrait – pour conjuguer les techniques passées avec la réalité du monde qui nous entoure. Le tout, dans des compositions fascinantes. Formes, perspectives, couleurs souvent extrêmes dans leur noirceur ou leur éclat mais surtout objets présentés éveillent nos sens. Chaque personnage exprime un conflit dans ses traits, opposant le paraître et l’âme profonde. Une dualité qui se traduit par un aspect grotesque évident ou évoqué, reflet de la nature véritable des sujets.
Art bestial
La galerie de portraits – peints, sculptés ou dessinés – relève d’un imaginaire teinté de mythologie. Tels des hallucinations collectives, les êtres s’exhibent dans toute leur laideur. Car, ici, ce n’est pas la beauté de la bête qui est montrée mais bien la bestialité de l’humanité. Créatures perverses aux mœurs déviantes, les femmes deviennent démoniaques quand les hommes prennent des allures clownesques. Certaines revêtent des membres inhumains, d’autres affichent une pilosité animale. Ce qui déroute tout au long du parcours, ce n’est pas tant la dépravation apparente – scènes pornographiques, visages déformés par le vice – mais plutôt l’envergure des travers de la société pointés du doigt. Au cœur de ‘La Civilisation perdue’ de George Condo, le visible tel qu’on le connaît est déstructuré pour mieux témoigner du regard ironique que porte l’artiste sur ses pairs.
Représentation et abstraction
On ne peut nier la dimension psychologique qui se dégage de l’ensemble des créations exposées. Derrière chaque « monstre » se cache la corruption : que ce soit la soif de domination ou la quête d’une perfection utopique. Certains visiteurs pourront se sentir agressés par tant de grossièreté – dans les traits comme dans les représentations. Mais, à la manière de l’artiste, il est nécessaire d’aller au-delà des apparences pour mieux contempler son œuvre. Car passé l’aspect, repoussant de prime abord, l’esthétique du geste se dessine et s’impose finalement d’elle-même.
Mélanie Grenier
George Condo – La Civilisation perdue
Commissaires de l’exposition : Olivier Lorquin, Président du musée Maillol et Bertrand Lorquin, Conservateur du musée Maillol
Du 17 Avril au 17 Août 2009
Tous les jours sauf le mardi et jours fériés de 11h à 18h
Tarifs : de 6 à 8 euros
Musée Maillol Fondation Dina Vierny
61, rue de Grenelle – 75007 Paris
M° Rue du Bac
[Visuel : photographie de fredpanassac – Frédérique Panassac, 6 décembre 2007. http://www.flickr.com/photos/10699036@N08/2101242850/ Licence Creative Commons]
Articles liés
L’artiste Mahn Kloix réalise une fresque en soutient à SOS Méditerranée sur le Mur Zidane à Marseille
L’artiste Mahn Kloix réalise des fresque dans l’espace publique depuis plus de 10 ans. Au fil du temps il a réalisé des fresque en partenariat avec des associations et ONG comme Amnesty International à Paris et SOS Méditerranée et...
Prix ICART Artistik Rezo 2025 : l’appel à candidatures est ouvert !
Pour cette 17e édition, une carte blanche est donnée aux candidats. Ces derniers pourront ainsi laisser libre cours à leur créativité et s’exprimer sans contraintes thématiques, stylistiques ou techniques. Vous avez jusqu’au 5 janvier 2025 pour vous inscrire !...
Le Grand Point Virgule présente “Punch Club”
Le Punch Club c’est des joueurs Québécois de calibre professionnel issus des plus grandes ligues d’improvisation traditionnelle regroupés en trio qui s’affrontent dans une arène ultra-compétitive ou culture hip-hop et rap battle rencontrent l’esthétique du match de boxe. La...